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La magicienne qui souhaitait marier sa fille



Une magicienne vivait, après le décès de son époux, seule avec sa fille dans une magnifique demeure quelle avait conçue elle-même, grâce à de formidables enchantements bénéfiques. Cependant, elle savait quavec le déclin de son âge, elle ne pourrait trouver la force de maintenir le sort sur lequel reposaient les fondations de sa maison. Aussi, lorsque sa progéniture gagna en beauté et en agilité, elle songea à la marier, afin de perpétuer la puissance familiale. 

La magicienne devait lui présenter un époux au cœur tendre, non seulement à cause de la sensibilité de sa petite, mais surtout parce que la mère prévoyait de la soumettre au rituel d’initiation mystique, quelle avait suivi elle-même quelques années auparavant et qui exigeait le sacrifice dun amour véritable. Elle pensait à son ancien amant, celui quelle avait délaissé malgré sa vigueur et sa fortune, pour s’établir dans la vie en sunissant à un homme bon. Son corbeau favori lui avait en effet appris quil se mourrait et quil laissait en veuf trois héritiers en âge de se marier. Lorsquelle constata en utilisant ses dons de voyance que sa jeune demoiselle se languissait dans des rêves érotiques qui débordaient ses nuits sur les journées, la magicienne se décida à partir en voyage, afin doffrir la main de sa petite au meilleur de ces trois hommes. Elle hâta donc ses préparatifs et s’engagea sur la route, longue et périlleuse, qui la conduirait jusqu’à son futur gendre.


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Le père des trois fils, sentant la fin approcher sur son lit de mort, convoqua son aîné, le cadet ainsi que le benjamin, afin de leur délivrer ses dernières volontés testamentaires. 

Au premier, il légua sa fortune, en intégralité, car il était son préféré et le patriarche lui souhaitait de mener la grande vie. Au second, il transmit le logis familial, pour quil en demeure le gardien en digne successeur. Enfin, au troisième, il attribua le don de la liberté dans le dénuement, en lui accordant la confiance paternelle, afin qu’il puisse réaliser ses désirs par la force de son propre travail. Après le décès attendu, les trois frères semparèrent de leur héritage. Laîné sacheta un carrosse resplendissant, tiré par un attelage de quatre étalons noirs étincelants et conduit par un cocher aussi sourd que muet, le dernier serviteur du défunt père, les autres ayant été emportés par l’âge ou les précautions financières du vieil auvergnat. Le cadet eut tôt fait de parvenir à trouver pour la maison familiale un acquéreur, à qui il céda à bon prix la bicoque, en mentant sur sa valeur affective. Il entreprit de devenir aventurier, se préparant à prendre la mer quil navait jamais aperçue. Il soffrit un cheval alezan, grâce au revenu de la vente, afin de se rapprocher de la côte où il souhaitait recruter un équipage de marins. 

Forcé par les projets du puîné à quitter le domicile paternel, le benjamin ne savait absolument pas où il irait ni ce quil pourrait faire de ses mains, sans avoir étudié comme ses aînés ni appris aucun métier. Les trois hommes se lancèrent ainsi sur la route qui déterminerait leur avenir. Chacun avançait à son propre rythme, selon les moyens attribués par leurs dispositions et leur héritage. Le dernier-né, traînant les pieds en ruminant des vœux de vengeance, fut rapidement devancé par ses deux frères. 

Ils s’élancèrent à bride abattue, en rivalisant de vitesse. Laîné remporta sans encombre la victoire, grâce à son véhicule fastueux. Il dépassa la monture du cadet, en lui montrant par la fenêtre dorée du carrosse lun des gestes que même le cocher sourd comprenait fort bien.


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La magicienne poursuivait sa route tranquille de ville en ville, d’une auberge à l’autre. Elle apprit des signes lus dans les entrailles dun lapin acheté au marché que son ancien ami avait succombé et que ses trois héritiers se dirigeaient à vive allure vers elle. 

Elle entendit quelle se devait den saisir loccasion et se déguisa en pauvre veuve éplorée, mendiante sans le sou, grâce à de simples artifices vestimentaires qui naltéraient pas trop sa beauté déclinante. Elle aperçut bientôt lattelage du fils aîné, en se réjouissant de sa tenue altière et de son attitude aussi fortunée que désinvolte. 

Elle se plaça au milieu de la route, afin d’arrêter le carrosse et de réclamer humblement une aumône. Le cocher freina, lair interrogatif, ce qui alerta aussitôt le voyageur attentif. Il observa la vieille, écouta ses demandes et lui suggéra de monter à ses côtés dans lhabitacle, pour parcourir le chemin ensemble. 

Bien à son aise, la sorcière croyait sa quête parvenue à son but, lorsque lhomme, après lavoir laissée sinstaller, agrippa ses jambes sans préavis et soudain les tira à lui. 

Il lui plaqua les hanches contre le siège afin de la déculotter, puis la retourna à quatre pattes. Sans aucune retenue, il lencula de force en lui bloquant les mains dans le dos. 

Sans cesse, il s’engouffrait encore dans son intimité, par des soubresauts répétés du bassin qui résonnaient dans sa chair meurtrie, de plus en plus vite. Il continua de la pénétrer jusqu’à s’épancher convulsivement en elle, en lui comprimant d’une poigne crispée sur sa longue et abondante chevelure la tête contre la banquette. 

Après cette lancinante entrevue, sans même demander au cocher darrêter la course de lattelage, le violeur rejeta la magicienne haletante sur la route par la porte ouverte, avec un grand coup de pied dans le derrière. 

La vieille femme horrifiée roula sur la chaussée en se blessant gravement les chevilles et se cogna le front sur les pavés. Son visage était écorché, ses membres meurtris, son anus en feu, écartelé et dégoulinant. Ses reins endoloris nen pouvaient mais. 

Elle se résolut donc immédiatement à saccorder un sortilège de guérison, avant de rencontrer le prochain voyageur, dautant plus quelle avait pris soin den pourvoir sa sacoche de deux fioles et quil lui en resterait donc une autre en réserve. 

La sorcière habile but ainsi son élixir de vie dun trait, en maudissant la cruauté du responsable de son désarroi.


Retrouvez la suite dans le recueil "Voyage en enfer", à paraître aux éditions Empereur Pirate...

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